le slip du president
Solange Duboisdebene – Vers solidaires
Solange Duboidébène, pseudonyme de Berthe Caillasson (née en 2033), poétesse et combattante pour la liberté, portée disparue durant le siège de Condreveau (2055).
La légende se répandit que, suppliciée à mort par l’ennemi, elle ne lui livra aucune information. Elle laisse une œuvre foisonnante, dont le fameux «Non !», que longtemps tous nos écoliers apprirent par cœur en classe.
Un Paradis en Enfer
Qu'ai-je à jouir joyeuse à ce joli jeu ?
Est-ce d'aise que, soumise, je susurre ?
De la joute je néglige les enjeux,
Quant à braise n'en ressens ni roussissure
Ni chaleur lâche qui me lèche la chair,
Car la passion soulage ces blessures.
Ò, chéri, que tu me choies de m'être cher !
Ton amour, même éphémère, m'est un baume
Dans ta bouche chaque chuintement est vers.
Prend mes larmes, mon homme, retire ton heaume
Toute à toi, étendue tremblante t'attends
L'âme en flammes, désarmée, nue sur le chaume.
Que notre intimité te trouble, Satan
Ignare ignominieusement inique !
Toi, tueur terrible, triste charlatan
Ton règne, vieux cagneux à trogne cynique,
S'achève ici, sur ce symétrique seuil.
Je gagne digne le règne magnifique
Qui, saisissant, caresse les sens et l’œil
De ses beaux blés blonds où, éblouie, j'oublie
Bombes qui tombent, hécatombes et deuil.
Je m'envole dans des volutes d'envie
Quand ton pieu m'empale copieusement
Et comme moi mouille de l'émoi de vie
Va, viens, en ma vertu vagabonde aimant
Furieux, enfiévré, m'enfile et me frotte
Avinée de ton vit vif, divinement
Je hurle harassée, heureuse, soûlotte
Vacille, vagissante, vautrée en vrac
Puis me repose repue de la ribote.
Voilà le Walhalla, ou je vois mon mac,
Mon mec, il est ma Mecque très trépidante
Qui, consommé l'amour, décampe comac,
Me plantant béate, rissolée, ardente.